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Nous côtoyons d’abord ces sommets escarpés,
Que les traits de la foudre ont si souvent frappés ;
De là vers l’Italie un court trajet nous mène.
Le jour tombe ; et la Nuit, de son trône d’ébène,
Jette son crêpe obscur sur les monts, sur les flots :
Le rivage des mers nous invite au repos.
Des travaux aux rameurs le sort fait le partage ;
Et les autres, couchés sur l’aride rivage,
Dorment au bruit de l’onde, et jusqu’au jour naissant
Goûtent d’un doux sommeil le charme assoupissant.
Mais les Heures déjà dans le silence et l’ombre
Au milieu de sa course ont guidé la Nuit sombre :
Palinure s’éveille, et consulte les mers ;
Il écoute les vents, interroge les airs ;
Des astres de la nuit il observe la course ;
Cherche d’un œil savant les Hyades et l’Ourse,
Du Bouvier paresseux l’astre resplendissant,
Et l’Orion armé d’un or éblouissant.
Il voit les cieux sereins ; et, du haut de la poupe,
D’un signe impérieux il avertit sa troupe.
Nous partons, nous fuyons, nous volons sur les eaux,
Et déployons aux vents les ailes des vaisseaux.