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En dispose les mots ; et, sitôt que sa main
En a rangé la suite en un ordre certain,
Elle ferme sur eux sa caverne tranquille.
Là l’oracle repose et demeure immobile.
Mais si 1a porte, ouverte aux zéphyrs indiscrets,
De ce livre mouvant leur livre les secrets,
Ils volent dispersés sous les roches profondes.
Elle, au lieu d’assembler leurs feuilles vagabondes,
De ses oracles vains, aux vents abandonnés,
Laisse errer au hasard les mots désordonnés ;
Et qui vient consulter sa réponse inutile,
Maudit en s’éloignant l’antre de la Sibylle.
Evite ce malheur. En vain de ton départ
Les tiens impatients accusent le retard ;
En vain le vent t’appelle, en vain le temps te presse ;
Toi-même va trouver, consulter la prêtresse ;
Qu’elle-même te parle, et, de ses rocs profonds,
Laisse échapper pour toi ses prophétiques sons,
Te dise tes dangers et tes guerres futures,
Et tout ce long tissu d’illustres aventures,
Ce qu’il faut craindre encor, ce qu’il faut surmonter,
Et quels peuples enfin te restent à dompter.