Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

Parque à mes yeux, soulevant le rideau,
N’écarte qu’à demi leur terrestre bandeau.
D’abord ce Latium, cette terre fatale,
Tu les crois séparés par un court intervalle ;
Mais la mer, devant toi s’agrandissant toujours,
De ta longue carrière allongera le cours.
La Sicile verra de tes nefs vagabondes
La rame opiniâtre importuner ses ondes.
Du redoutable Averne il faut dompter les flots ;
De la mer d’Ausonie il faut fendre les eaux,
De l’île de Circé braver l’onde infidèle,
Avant de reposer dans ta cité nouvelle.
Mais écoute, et connais par quels signes certains
S’annonceront ces lieux promis par les destins :
Si, sur les bords des eaux, se présente à ta vue
Une laie aux poils blancs sur la rive étendue,
Nourrissant trente enfants d’une égale blancheur,
Et du fleuve voisin respirant la fraîcheur,
Arrête là ton cours ; là finiront tes peines.
Ne crains ni Céléno, ni ses menaces vaines,
Ni ces tables qu’un jour doit dévorer ta faim ;
Le Destin t’aidera, compte sur le Destin ;