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O toi ! qui fais parler d’une voix véridique
Les lauriers de Claros, le trépied prophétique ;
Que ne trompent jamais ni le flanc des taureaux,
Ni le ciel, ni le vol, ni le chant des oiseaux,
Que me veulent les dieux ? Tous, d’une voix commune
Dans les champs d’Hespérie appellent ma fortune ;
L’horrible Céléno, s’opposant à leurs vœux,
Seule ose m’annoncer la colère des cieux,
Et menace mes jours de la faim homicide.
Parle : que de mon sort ta sagesse décide ».
Hélénus, méditant ces mystères profonds,
De sa tête sacrée abaisse les festons,
Présente à Jupiter un pompeux sacrifice,
Implore d’Apollon la bonté protectrice,
Me conduit dans son temple, et me dit :
« Fils des dieux ! Oui, le ciel te prépare un destin glorieux,
Et, dans le cours changeant de sa marche éternelle,
Le sort accomplira cette loi solennelle.
Mais il faut, avant tout, t’indiquer les chemins
Des mers à qui tu dois confier tes destins.
Je ne m’étendrai point sur tout ce qui te touche ;
Sur de plus grands secrets Junon ferme ma bouche,
Et la