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Lorsque, de son tyran successeur couronné,
Hélénus de sa cour s’avance environné,
Nous reconnaît, nous mène à sa nouvelle Troie,
Et mêle à chaque mot une larme de joie.
J’avance, et j’aperçois dans ce séjour nouveau
De la fière Pergame un modeste tableau.
Voilà ses ports, ses murs renaissants de leur cendre ;
Ce coteau, c’est l’Ida ; ce ruisseau, le Scamandre.
Je vois la porte Scée et les tours d’Ilion ;
Et de Troie, en pleurant, j’adore encor le nom.
Mille doux souvenirs parcourent ce rivage :
De leurs murs paternels reconnaissant l’image,
Les Troyens, de ces lieux jouissent comme moi ;
Et leur concitoyen les recevait en roi.
Au milieu de sa cour, sous de vastes portiques,
Un grand festin chargeait des tables magnifiques :
Ils célébraient Bacchus, et, dans des coupes d’or,
Le dieu de son nectar leur versait le trésor.
Le jour fuit, un second s’écoule dans la joie,
Mais l’Autan a soufflé, la voile se déploie,
Et son souffle sur l’onde appelle nos vaisseaux.
Je vais au roi pontife, et m’explique en ces mots :
«