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impurs empoisonne le reste.
« C’en est trop : écartons cette horde funeste,
M’écriai-je aussitôt. Aux armes, compagnons !
Courons ! délivrons-nous de ces monstres gloutons ! »
Il dit, on obéit : nos armes détachées
Sous des gazons épais avec soin sont cachées.
Dès qu’il entend de loin fondre l’essaim fatal,
Du haut d’un roc Misène a donné le signal.
Un combat tout nouveau de tous côtés s’engage,
Sur les monstres ailés nous fondons avec rage.
Mais leur plume défend ces oiseaux de la mer :
Leur troupe, impénétrable aux atteintes du fer,
Part, et laisse, en fuyant dans sa retraite obscure,
Les mets demi-rongés, et son odeur impure.
Céléno reste seule, et ses cris menaçants
Font du haut d’un rocher entendre ces accents :
« Quoi ! vils usurpateurs de notre ancienne terre !
Quoi ! pour un vil butin vous nous livrez la guerre !
Apprenez donc de moi, fils de Laomédon,
Ce qu’apprit Jupiter au divin Apollon,
Ce qu’Apollon m’apprit, ce que je vous déclare,
Moi, la terrible sœur des filles du Tartare :