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Mon père ordonne alors de repasser les flots,
D’aller interroger les trépieds de Délos,
D’apprendre dans quels lieux doivent finir nos peines,
Nos travaux renaissants, nos courses incertaines.
La nuit couvrait le ciel ; tout dormait, quand mes dieux,
Ravis dans Troie en cendre à la fureur des feux,
Aux rayons de Phébé, qui brillait toute entière,
M’apparaissent en songe, éclatants de lumière,
Consolent mes chagrins, et m’adressent ces mots :
« Epargne-toi le soin de repasser les flots,
Apollon nous envoie ; et, ce qu’eût fait entendre
L’oracle de Délos, nous pouvons te l’apprendre.
C’est nous qui, compagnons de périls, de travaux,
Suivîmes ton exil, partageâmes tes maux ;
C’est nous qui, terminant ta course vagabonde,
A ta race immortelle asservirons le monde.
Ose donc mériter ta future splendeur :
La Crète ne doit point renfermer ta grandeur.
Il est des bords fameux que l’on nomme Hespérie,
Qu’autrefois ont peuplés des enfants d’Oenotrie,
Riche et puissant empire. Italus, nous dit-on,
Augmenta sa splendeur, et lui donna son nom.