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Allez, et recherchez la terre paternelle ;
Là naîtra de vainqueurs une race éternelle ;
Là régneront Enée et ses derniers neveux,
Et les fils de ses fils, et ceux qui naîtront d’eux... »
Ainsi parle Apollon ; on tressaille, on s’écrie :
« Quels sont ces bords ? quelle est cette antique patrie
Où le sort nous appelle, où le ciel pour toujours
De nos longues erreurs doit terminer le cours ? »
Alors des anciens temps, gravés dans sa mémoire,
Mon père, à nos regards, développant l’histoire :
« O Troyens ! nous dit-il, par des signes certains
Connaissez notre espoir, connaissez nos destins.
Une île est au milieu des ondes écumeuses,
Fière d’un sol fécond, de cent villes fameuses,
Berceau de nos aïeux et du grand Jupiter.
C’est de l’Ida crétois que notre aïeul Teucer,
De Rhétée abordant l’antique promontoire,
Y fixa ses sujets, son empire et sa gloire :
Ilion n’était pas, et des tribus sans noms
De l’Ida phrygien habitaient les vallons.
C’est de là que nous vint le culte de Cybèle,
Par qui le soc apprit à vaincre un sol rebelle ;
De ses