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Et l’heureuse Délos, dans un profond repos,
Délia le caprice et des vents et des flots.
Là nos vaisseaux lassés trouvent un sûr asile :
Nous entrons ; d’Apollon nous saluons la ville.
Anius vient à nous, le front ceint à la fois
Du laurier prophétique et du bandeau des rois.
Il voit, il reconnaît, il embrasse mon père,
Tend à son vieil ami sa main hospitalière,
Et, resserrant les nœuds d’une antique union,
Reçoit dans son palais les restes d’Ilion.
Je visite du dieu le temple tutélaire,
Et je m’écrie : « O toi ! que dans Thymbre on révère,
A ce malheureux peuple, errant, persécuté,
Donne un asile sûr, une postérité !
Où faut-il transporter nous ! nos dieux et Pergame ?
Viens, parle, éclaire-nous, et descends dans notre âme ! »
Je dis : et tout à coup je sens de l’Immortel
S’agiter le laurier, et le temple, et l’autel.
Le mont tremble ; chacun vers la terre s’incline,
Et ces mots sont sortis de l’enceinte divine :
« Troyens ! c’est au berceau de vos premiers parents
Que je promets un terme à vos destins errants.