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Tous veulent fuir ces lieux et ce bord sacrilège,
Où l’hospitalité n’a plus de privilège.
Mais Polydore attend les suprêmes honneurs :
On relève sa tombe, on l’arrose de pleurs ;
Les autels sont parés de festons funéraires ;
Le cyprès joint son deuil au deuil de ces mystères ;
Des femmes d’Ilion les cheveux sont épars ;
Le lait, le sang sacré coulent de toutes parts ;
Nous renfermons son âme en son asile sombre,
Et d’un dernier adieu nous saluons son ombre.
Dès qu’on put se fier à l’humide élément,
Sitôt que de l’Auster l’heureux frémissement
Promit à notre course une mer sans naufrage,
Nos vaisseaux reposés s’élancent du rivage :
On part, on vole au gré d’un vent rapide et doux ;
Et la ville et le port sont déjà loin de nous.
Une île est dans les mers qu’un golfe étroit sépare
Des hauteurs de Mycose et de rocs de Gyare,
Délices de Thétis, chère au dieu du trident :
Longtemps elle flotta sur l’abîme grondant.
Enfin du dieu du jour la main reconnaissante
Fixa de son berceau la destinée errante ;