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Alors Junon, plaignant son pénible trépas,
Et de sa longue mort les douloureux combats,
Pour arracher son âme à sa prison mortelle,
Fait descendre des cieux sa coursière fidèle ;
Car l’affreux désespoir ayant, avant le temps,
Par une mort précoce abrégé ses instants,
N’ayant point mérité son trépas par un crime,
La déesse qui règne au ténébreux abîme
Ne l’avait point encor dévouée à la mort
Ni coupé le cheveu d’où dépendait son sort.
Sur son aile brillante, au soleil exposée,
Peinte de cent couleurs, humide de rosée,
Iris descend des cieux, s’arrête sur Didon :
« Je coupe le cheveu réservé pour Pluton :
C’en est fait ; de tes jours ainsi finit la trame ;
Des chaînes de ton corps je dégage ton âme. »
Lui dit-elle. A ces mots, sa secourable main
Tranche avec le cheveu son malheureux destin.
Sa chaleur l’abandonne : et son âme s’exhale,
Et la mort seule éteint sa passion fatale.