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Soleil dont les regards embrassent l’univers !
Reine des dieux, témoin de mes affreux revers !
Triple Hécate ! pour qui dans l’horreur des ténèbres
Retentissent les airs de hurlements funèbres !
Pâles filles du Styx ! vous tous, lugubres dieux !
Dieux de Didon mourante, écoutez donc mes vœux !
S’il faut qu’enfin ce monstre, échappant au naufrage,
Soit poussé dans le port, jeté sur le rivage,
Si c’est l’arrêt du sort, la volonté des cieux,
Que du moins assailli d’un peuple audacieux,
Errant dans les climats où son destin l’exile,
Implorant des secours, mendiant un asile,
Redemandant sou fils arraché de ses bras,
De ses plus chers amis il pleure le trépas !...
Qu’une honteuse paix suive une guerre affreuse !
Qu’au moment de régner, une mort malheureuse
L’enlève avant le temps ! Qu’il meure sans secours,
Et que son corps sanglant reste en proie aux vautours !
Voilà mon dernier vœu ! Du courroux qui m’enflamme
Ainsi le dernier cri s’échappe avec mon âme.
Et toi, mon peuple, et toi, prends son peuple en horreur !
Didon au lit de mort te lègue sa fureur !