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Des oiseaux émaillés les troupes vagabondes,
Ceux qui peuplent les bois, ceux qui fendent les oncles,
Livrés nonchalamment aux langueurs du repos,
Endormaient leurs douleurs, et suspendaient leurs maux.
Didon seule veillait ; la noire solitude
Aigrit de ses chagrins l’ardente inquiétude.
De l’amour renaissant le terrible réveil,
A ses yeux, à son cœur refuse le sommeil.
De ses sens agités la tempête s’augmente ;
En butte à tous les coups de l’horrible tourmente,
D’espérance, d’effroi, d’amour et de fureur,
Un reflux orageux bouleverse son cœur,
Et son esprit flottant roule ainsi ses pensées,
Admises tour à tour, tour à tour repoussées :
« Que faire ? hélas ! Irai-je, abaissant mon orgueil,
Chez Iarbe, à mon tour, implorer un coup d’œil,
Ou des rois mes voisins mendier l’hyménée,
Eux que j’ai tant de fois dédaignés pour Enée ?
Pour suivre les Troyens dois-je fuir de ces lieux,
Me mettre à la merci de ce peuple orgueilleux ?
En effet, ils ont droit à tant de confiance !
Mes bienfaits sur leur âme ont eu tant de puissance !