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L’objet n’est plus à craindre, et je sais le moyen
De dégager mon cœur, ou d’enchaîner le sien.
De ces mers, où le jour va plonger sa lumière,
Des bornes de l’Afrique, où sur sa tête altière
L’infatigable Atlas porte le poids des cieux,
Une antique prêtresse est venue en ces lieux :
Consacrée aux autels des jeunes Hespérides,
C’est elle qui, jadis, contre des mains avides
Protégeait les fruits d’or de leur fertile enclos,
Qui, d’un miel odorant, mêlé de froids pavots,
Nourrissait leur dragon ; et du monstre sauvage
Endormait à son choix ou réveillait la rage.
Son art endort aussi les chagrins amoureux,
Ou d’un ardent amour réveille tous les feux :
Sous ses pieds tu verras s’ébranler les campagnes,
Les pins déracinés descendre des montagnes,
L’onde arrêter son cours, l’Olympe ses flambeaux,
Et les mânes sortir de la nuit des tombeaux.
  J’en atteste le ciel, chère sœur, et toi même !
Malgré moi j’ai recours à son pouvoir suprême :
Toi, si tu plains les maux de ce cœur agité,
Dans un lieu découvert, mais des yeux écarté,