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Non. Le Caucase affreux, t’engendrant en fureur,
De ses plus durs rochers fit ton barbare cœur ;
Et du tigre inhumain la compagne sauvage,
Cruel, avec son lait t’a fait sucer sa rage.
Car enfin qui m’arrête ? Après ses durs refus,
Pour confondre l’ingrat qu’attendrais-je de plus ?
A-t-il d’un seul regard consolé mes alarmes ?
Ai-je vu de ses yeux s’échapper quelques larmes ?
De son amante en pleurs les soupirs, les tourments,
En ont-ils arraché quelques gémissements ?
O dieux ! et vous laissez reposer le tonnerre !
Non, il n’est plus de foi, plus d’honneur sur la terre !
Sans secours, sans appui, triste objet de pitié,
Des horreurs du naufrage encor tout effrayé,
Je l’ai revu, l’ingrat ! j’ai d’une mort certaine
Sauvé ses vils sujets, complices de sa haine !
Je lui donne mon cœur, mon empire, ma main,
O fureur ! et voilà que ce monstre inhumain
Ose imputer aux dieux son horrible parjure !