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propre grandeur ne le peut émouvoir,
De sa postérité pourquoi trahir l’espoir ?
Pourquoi trahir un fils sur qui déjà se fonde
Le sort de l’Italie et l’empire du monde ? »
Il dit, et s’évapore et disparaît dans l’air.
Le héros, à l’aspect du fils de Jupiter,
Reste interdit ; sa voix sur ses lèvres s’arrête,
Et ses cheveux d’horreur se dressent sur sa tête.
Il brûle de partir et d’obéir aux dieux :
Mais comment s’arracher à ces aimables lieux ?
Et son amante, hélas !. où, quand, par quelle adresse
A ce fatal départ préparer sa tendresse ?
Comment l’en prévenir, et par où commencer ?
Son âme irrésolue hésite à se fixer ;
Il veut, il se repent, et cette incertitude
Egare en cent projets sa vague inquiétude.
Mais son esprit flottant se détermine enfin ;
Il convoque les chefs, leur ouvre son dessein :
« Qu’on équipe la flotte, et qu’on s’arme en silence ;
Que d’un prétexte heureux la trompeuse apparence
Colore ces apprêts. Lui, tandis que Didon
A son crédule amour se livre sans soupçon,