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Tel, en quittant l’Atlas, noble auteur de sa mère,
Le dieu baisse son vol, et d’une aile légère,
Glissant entre la terre et l’espace des airs,
Effleure mollement le rivage des mers.
  Ses pieds ailés à peine ont touché le rivage
Où d’humbles toits font place aux pompes de Carthage,
Il voit le chef troyen de ces grands monuments
Diriger les travaux, poser les fondements.
A son côté pendait une éclatante épée
Où se dessine en cercle une étoile jaspée.
De son épaule tombe un manteau précieux,
Où d’une riche pourpre étincellent les feux,
Et de ce beau tissu, brodé par son amante,
L’or flexible parcourt la trame éblouissante.
Le dieu l’aborde : « Eh quoi ! dans des moments si chers,
Oubliant tes destins, oubliant l’univers,
Tu bâtis donc Carthage ! Esclave d’une femme,
Voilà donc les grands soins qui remplissent ton âme !
Le souverain du monde et le maître des dieux
M’a député vers toi de la voûte des cieux.
Va le trouver, mon fils, m’a-t-il dit : qui l’arrête ?
S’il peut d’un vaste empire oublier la conquête,
Si sa