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De pourpre tout couvert, tout éblouissant d’or,
Et, sous son noble poids, prêt à prendre l’essor,
Contient, fier et soumis, l’ardeur qui le consume,
Et mord en frémissant son frein blanchi d’écume.
Didon enfin paraît ; d’un air majestueux
Elle fend de sa cour les flots respectueux.
Pour elle, se courbant en agrafe brillante,
L’or rassemble les plis de sa pourpre flottante,
L’or couvre son carquois, l’or en flexibles nœuds
Sur son front avec grâce assemble ses cheveux ;
Et l’aiguille savante, imitant la peinture,
De sa mante royale embellit la bordure.
Ascagne, cependant, qu’enchante ce beau jour,
Et les seigneurs troyens, viennent grossir sa cour :
Seul plus brillant qu’eux tous, leur roi marche à leur tête,
Et seul semble l’objet et le dieu de la fête.
Tel, quand des Lyciens quittant le long hiver,
Et le Xanthe lui-même à son amour si cher,
Apollon vient revoir son île maternelle,
Lorsque, renouvelant sa fête solennelle,
Maures, Scythes, Crétois célèbrent l’Immortel,
Et sautent en cadence autour de son autel ;