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vos soupçons : Carthage et ses remparts
De leur gloire naissante offusquent vos regards.
Mais pourquoi prolonger ces discordes cruelles ?
Ah ! plutôt terminons nos haines mutuelles ;
Oublions nos débats ; qu’au gré de vos souhaits,
Les liens de l’amour soient les nœuds de la paix.
Vous voyez, tout est prêt pour ce grand hyménée ;
Didon de tous vos feux brûle pour votre Enée ;
Vos vœux sont accomplis. Par le nœud des serments,
Par le nœud de l’hymen unissons ces amants ;
Que leurs peuples amis, sous nos communs auspices,
Deviennent nos sujets, et nous leurs protectrices ;
Que, dans l’heureux oubli de nos dépits jaloux,
Leur pacifique encens se partage entre nous.
Permettez qu’un hymen, où Didon même aspire,
Fasse d’un Phrygien le maître de l’empire,
Que le Troyen s’unisse aux enfants de Sidon :
Je les donne pour dot à l’époux de Didon ».
Ainsi Junon voulait sur la rive africaine
Arrêter les destins de la grandeur romaine.
Vénus s’en aperçoit : « A vos vœux je souscris,
Dit-elle, mais un doute agite mes esprits,