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Vous, seulement des dieux implorez la bonté ;
Par les soins caressants de l’hospitalité,
Du Troyen dans ces lieux prolongez la présence :
Que l’amour naisse en lui de la reconnaissance.
Prétextez ses périls, les rigueurs de l’hiver,
Ses nefs à réparer, l’inclémence de l’air,
Les torrents d’Orion suspendus sur nos têtes,
Les menaces de l’onde et l’horreur des tempêtes ».
  Ce discours rend l’espoir à sa timide ardeur,
Assoupit les remords, fait taire la pudeur ;
Et l’amour plus brûlant se rallume en son âme.
  Pour obtenir des dieux le succès de sa flamme,
On invoque Bacchus, on invoque Apollon,
Surtout le dieu d’hymen protégé par Junon.
Didon, leur présentant le vin du sacrifice,
En arrose le front d’une blanche génisse ;
D’un pas majestueux fait le tour des autels,
Les charge tous les jours de présents solennels ;
Tous les jours, au milieu des victimes mourantes,
Consulte avidement leurs fibres palpitantes.
Malheureuse ! où l’égare une pieuse erreur ?
La réponse des dieux est au fond de son cœur.
Leur nom est dans sa bouche, Enée est dans son âme :
Tout entière livrée à l’amour qui l’enflamme,