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Qu’Iarbe, redouté sur ce brûlant rivage,
Vous ait lassée en vain de son superbe hommage ;
Qu’enfin, dans ces climats féconds en grands exploits,
Tant de fameux guerriers et tant d’illustres rois,
Descendus pour Didon de leur char de victoire,
En vain aient à vos pieds mis leur sceptre et leur gloire :
Nul n’a pu dans votre âme effacer votre époux.
Mais pourquoi vous armer contre un penchant plus doux ?
De vos états au moins que l’intérêt vous touche.
Ici le Maure altier, le Barcéen farouche,
Contre vos murs naissants frémit de toutes parts ;
Là des sables déserts entourent vos remparts ;
Partout il faut lutter, sur ces affreux rivages,
Contre un climat barbare et des peuples sauvages.
Et ne craignez-vous point votre frère en courroux ?
Quels orages dans Tyr s’élèvent contre vous !
Il n’en faut point douter : ces fiers enfants de Troie,
C’est Junon, c’est le ciel, ma sœur, qui les envoie.
Dieux ! combien cet hymen vous promet de grandeur !
Qu’Ilion de Carthage accroîtra la splendeur !
Voyez vos murs peuplés, vos villes florissantes,
Et la mer se courbant sous vos flottes puissantes.