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D’où vient que le sommeil fuit mon âme inquiète ?
Dans quel tourment nouveau, dans quel trouble me jette
Cet illustre étranger reçu dans mon palais ?
Si j’en crois sa fierté, si j’en crois ses hauts faits,
Sans doute il est issu d’une race divine :
Un cœur noble se sent de sa noble origine.
Quelle intrépidité ! quels revers, quels combats
Ont éprouvé son cœur, ont signalé son bras !
Que d’éclat dans ses traits, de charme en son langage !
Qu’au récit des périls que brava son courage
Mon âme en l’écoutant se sentait alarmer !
Ah ! si mon cœur flétri pouvait encore aimer !
Si ce cœur, trop puni d’avoir été sensible,
Ne s’était commandé de rester inflexible ;
Si, depuis que la mort trahit mes premiers feux,
Je pouvais consentir à former d’autres nœuds,
Chère sœur, c’est été mon unique faiblesse.
Oui, depuis qu’un époux si cher à ma tendresse
Par mon barbare frère a vu percer son flanc,
Et nos dieux paternels arrosés de son sang,
Cet étranger lui seul dans mon âme constante
Ebranla, j’en conviens, ma vertu chancelante ;