Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

 
La reine cependant, atteinte au fond du cœur,
Nourrit d’un feu secret la dévorante ardeur.
Les vertus du héros, l’éclat de sa naissance,
Les combats, les écueils qu’affronta sa vaillance,
La beauté de ses traits, ses exploits glorieux,
Sont gravés dans son âme, et présents à ses yeux.
La voix d’Enée encor résonne à son oreille,
Et sa nuit inquiète est une longue veille.
  L’ombre à peine éclaircit son humide noirceur,
Agitée, éperdue, elle aborde sa sœur,
Sa sœur de ses secrets tendre dépositaire,
Et de ses feux naissants dévoilant le mystère :
« O toi ! qui de mon âme es la chère moitié,
Ma sœur, lis avec moi dans mon cœur effrayé :