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En quittant sans regret l’Elide sa patrie,
Se glissait sous les mers vers sa nymphe chérie ;
Tous deux au même lit murmuraient leurs amours ;
Tous deux dans la même onde allaient finir leur cours.
Leurs berceaux sont divers ; leurs tombeaux sont les mêmes.
J’adore de ces lieux les puissances suprêmes.
Je passe ces rochers qu’élève dans les airs
Pachinum, dont le pied s’avance au sein des mers.
Je rase de plus près les campagnes fangeuses
Qu’engraissaient d’Hélorus les eaux marécageuses.
Plus loin c’est Camarine, à qui l’ordre des cieux
Défend de déplacer et son peuple et ses dieux ;
Et le riche Gélas, arrosant de ses ondes
La ville de son nom, et ces plaines fécondes.
J’avance, et d’Agragas je vois de loin les tours ;
Agragas, dont les prés, dans de plus heureux jours,
En foule nourrissaient, de leurs fécondes herbes,
Les troupeaux florissants de ses coursiers superbes
Qui dans les champs de Mars emportaient les guerriers.
Je te passe à ton tour, ô terre des palmiers !
Heureuse Sélinos ! et vous, rochers terribles,
Que l’affreux Lilybée en pièges invisibles,