Mais l’avis d’Hélénns, qui longtemps nous parla
Des gouffres de Charybde et des rocs de Scylla,
Revient à notre esprit ; nous craignons cette route,
Où, contraint d’affronter les monstres qu’il redoute,
Le matelot prudent en son cours hasardeux,
Doit, fuyant les deux bords, les éviter tous deux.
Chacun de nous voulait retourner sur sa trace,
Quand, des rocs de Pédore, un des vents de la Thrace,
De sa puissante haleine emporte les nochers
Aux lieux où le Pautage, à travers des rochers,
S’élance dans les mers au golfe de Mégare.
Aux plaines de Thétis aucun détour n’égare
Nos vaisseaux que ce Grec, par nos soins secouru,
Conduit vers chaque bord qu’il avait parcouru :
Des jeux de la fortune incroyable caprice !
Le guide des Troyens est un soldat d’Ulysse !
En face de Plemmyre, assailli par les mers,
Une île est élevée au sein des flots amers.
Ortygie est le nom qu’elle eut aux premiers âges ;
Ce nom lui reste encor. C’est sur ses beaux rivages
Qu’Alphée, amant fidèle, et voyageur heureux,
Suivant secrètement son penchant amoureux,
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