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Se tourne, et devant lui chasse les mers profondes ;
Mais en vain dans leur course il veut suivre les ondes,
En vain étend vers nous ses gigantesques bras,
Le rapide vaisseau laisse bien loin ses pas.
Alors il jette un cri lugubre, épouvantable.
La mer en a tremblé : de sa voix redoutable
Les monts de l’Ausonie ont prolongé les sons ;
L’Etna même en mugit en ses antres profonds.
Alors de leurs forêts, de leurs grottes sauvages,
Ses affreux compagnons accourent aux rivages.
De loin nous découvrons, d’un œil épouvanté,
De ces fils de l’Etna le conseil redouté,
Qui, d’un œil menaçant, nous poursuivent encore :
Famille impitoyable, et que la terre abhorre,
Debout, cachant dans l’air leurs fronts audacieux.
Tels du bois de Diane, ou du maître des cieux,
Les chênes, les cyprès, au dessus des tempêtes,
Lèvent leurs bras altiers, et leurs pompeuses têtes.
De notre fuite alors précipitant le cours,
Alors de tous les vents acceptant le secours,
Plutôt que de tomber dans ces mains implacables,
On tourmente au hasard les voiles et les câbles.