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Tout tombe, et je crois voir, de son faîte orgueilleux,
Ilion tout entier s’écroule dans les feux.
Ainsi contre un vieux pin, qui du haut des montagnes
Dominait fièrement sur les humbles campagnes,
Lorsque des bûcherons réunissant leurs bras
De son tronc ébranlé font voler les éclats,
L’arbre altier, balançant sa tête chancelante,
Menace au loin les monts de sa chute pesante ;
Attaqué, mutilé, déchiré lentement,
Enfin, dans un dernier et long gémissement,
Il épuise sa vie, il tombe, et les collines
Retentissent du poids de ses vastes ruines :
Ainsi croule Ilion. Je m’éloigne, et Cypris
Défend au glaive, au feu, d’attenter à son fils :
Le fer respectueux entend sa voix puissante ;
Devant elle s’enfuit la flamme obéissante.
J’arrive enfin ! j’arrive au palais paternel ;
Je vole vers mon père : ô désespoir cruel !
Mon père, qu’avant tout doit sauver ma tendresse,
Quand je veux au danger dérober sa vieillesse,
Refuse de survivre à nos communs malheurs
Et d’aller dans l’exil prolonger ses douleurs.
«