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Rhipée, hélas ! si juste et si chéri des siens !
Mais le ciel le confond dans l’arrêt des Troyens.
De leurs amis trompés malheureuses victimes,
Hypanis et Dymas tombent aux noirs abîmes.
Et toi, Panthée, et toi, ton vêtement divin
Et ta longue vertu te protègent en vain !
0 vous, cendres de Troie ! et vous, flammes funestes,
Qui de mon Ilion dévorâtes les restes !
Je vous atteste ici qu’affrontant les combats,
Malgré moi le destin me sauva du trépas ;
Et, si le sort cruel n’eût conservé ma vie,
Que j’avais mérité qu’elle me fût ravie !
Le flux impétueux de ces chocs meurtriers
Avec moi de la foule emporte deux guerriers ;
Iphite, de qui l’âge enchaîne la vaillance,
Et Pélias qu’Ulysse a blessé de sa lance.
Tout à coup par des cris dans l’ombre redoublés,
Au palais de Priam nous sommes appelés.
C’est là que nous trouvons le plus affreux carnage ;
Là vous diriez que Mars a concentré sa rage,
Et qu’auprès de ces lieux Troie entière est en paix.
Le toit de la tortue assiège le palais ;