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Qui sur un long serpent roulé dans son asile
Appuie un pied pesant, soudain d’un saut agile
Fuit le reptile affreux, qui, de terre élancé,
S’allonge, et marche à lui fièrement courroucé :
Tel ce Grec devant nous recule d’épouvante.
Mais en vain il veut fuir : sur sa troupe tremblante,
Les armes à la main, nous fondons en fureur ;
L’ignorance des lieux, leur ténébreuse horreur,
La surprise, l’effroi, tout enfin nous les livre.
Corèbe triomphant, que le succès enivre :
« Amis, le ciel sourit à ce premier effort,
Marchons dans le sentier que nous montre le sort :
Que ce triomphe heureux nous en assure d’autres.
Pour les armes des Grecs dépouillons-nous des nôtres ;
Avec leurs propres traits perçons nos ennemis :
Dans de pressants dangers l’artifice est permis.
Qu’importe qu’on triomphe ou par force ou par ruse ?
Eux-mêmes ont trompé, leur fourbe est notre excuse ».
Il dit, donne l’exemple, et sur son bras guerrier,
D’Androgée expirant charge le bouclier,
Saisit de ce héros l’épée étincelante,
De son casque embelli d’une aigrette flottante