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Qui pourrait retracer les tragiques horreurs ?
Quels yeux pour ce désastre auraient assez de pleurs ?
Tu tombes, ô cité si longtemps florissante,
De tant de nations souveraine puissante !
Les morts jonchent en foule et les profanes lieux,
Et des temples sacrés le seuil religieux.
Le Troyen cependant ne meurt pas sans vengeance,
La fureur quelquefois ranime sa vaillance :
Partout sont balancés, par une égale loi,
Les succès, les revers, l’espérance et l’effroi ;
Partout des pleurs, du sang, des hurlements terribles,
Et la mort qui renaît sous cent formes horribles.
Dans l’ombre de la nuit un célèbre guerrier,
Androgée, à nos coups vient s’offrir le premier.
Un corps nombreux le suit, il s’avance à leur tête ;
Et nous croyant des Grecs : « Amis, qui vous arrête ?
Déjà nos Compagnons, au pillage animés,
Emportent d’Ilion les débris enflammés ;
Et vous, de vos vaisseaux vous descendez à peine ! »
Il dit : de nos guerriers la réponse incertaine
Aussitôt nous décèle. Instruit de son erreur,
Il se tait et recule ; et, tel qu’un voyageur