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Nous rendions grâce aux dieux ; et notre aveugle joie
Faisait fumer l’encens dans les temples de Troie.
  L’Olympe cependant, dans son immense tour,
A ramené la nuit triomphante du jour ;
Déjà, du fond des mers jetant ses vapeurs sombres
Avec ses noirs habits et ses muettes ombres,
Elle embrasse le monde ; et ses lugubres mains
D’un grand voile ont couvert les travaux des humains,
Et la terre, et le ciel, et les Grecs, et leur trame :
Un silence profond règne au loin dans Pergame :
Tout dort. De Ténédos leurs nefs partent sans bruit,
La lune en leur faveur laisse régner la nuit ;
L’onde nous les ramène, et la torche fatale
A fait briller ses feux sur la poupe royale.
A cet aspect, Sinon que le ciel en courroux,
Qu’une folle pitié protégea contre nous,
Aux Grecs impatients ouvre enfin la barrière.
Dans l’ombre de la nuit la machine guerrière
Rend cet affreux dépôt, et de son vaste sein
S’échappe avec transport un formidable essaim.
Déjà, de leur prison empressés de descendre,
Glissent le long d’un câble Ulysse avec Thessandre :