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Enfin nous respirons ; enfin, après dix ans,
Ilion d’un long deuil affranchit ses enfants.
Le libre citoyen ouvre toutes ses portes,
Vole aux lieux où des Grecs ont campé les cohortes.
On aime à voir ces champs témoins de nos revers,
Ces camps abandonnés, ces rivages déserts.
De cent fameux combats on recherche la trace :
Ici, le fier Pyrrhus signalait son audace ;
Là, le fils de Thétis rangeait ses bataillons ;
Ici c’était leur flotte, et là leurs pavillons.
Plusieurs, pressés au tour de ce colosse énorme
Admirent sa hauteur, et sa taille, et sa forme.
Thymète le premier, soit lâche trahison,
Soit qu’ainsi l’ordonnât le destin d’Ilion,
Des Grecs favorisant la perfide entreprise,
Dans nos murs aussitôt prétend qu’on l’introduise.
Mais les plus éclairés, se défiant des Grecs,
Veulent que, sans tarder, ces présents trop suspects
Soient livrés à la flamme, ou plongés dans les ondes,
Ou qu’on en fouille au moins les cavités profondes.
Le peuple partagé s’échauffe en longs débats,
Quand de la citadelle arrivant à grands pas,