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Chantre inspiré du ciel, il commence, et sa voix
Répète ce qu’Atlas enseignait autrefois,
De la reine des nuits la course vagabonde,
Et les feux éclipsés du grand astre du monde,
Le pouvoir qui, créant l’homme et les animaux,
Leur versa de la vie et les biens et les maux,
Les orages, les feux, le char glacé de l’ourse,
Et les astres gémeaux qui conduisent sa course,
L’Hyade et ses torrents ; dit pourquoi des hivers
Les jours si promptement se plongent dans les mers ;
D’où vient des nuits d’été la lenteur paresseuse,
Enfin sur mille tons sa voix mélodieuse
Chantait l’ordre des cieux et des astres divers,
Et sa noble harmonie imitait leurs concerts.
On l’admire : il se tait, et recueille avec joie
Les suffrages rivaux de Carthage et de Troie.
  La reine cependant par cent et cent discours
De la rapide nuit veut prolonger le cours :
S’enivrant à longs traits d’un poison qu’elle adore
Elle interroge Enée, et l’interroge encore.
Elle trouve du charme à ses moindres récits :
Et, quand Priam, Hector, Andromaque et son fils,