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Déjà, fier d’accomplir un ordre qui le flatte,
L’Amour poursuit sa route, et conduit par Achate,
Porte aux enfants de Tyr les présents d’Ilion.
Il arrive : déjà la superbe Didon,
Au milieu de ses grands dont la cour l’environne,
Presse un lit somptueux qu’un dais pompeux couronne.
  Enée et les Troyens déjà sont rassemblés
Sur des tapis de pourpre avec pompe étalés ;
Chacun a pris sa place, et leur rang la décide.
Le cristal sur leurs mains verse une onde limpide ;
Le jonc tressé gémit sous les dons de Cérès,
Et du lin le plus fin les tissus sont tout prêts.
A préparer les mets, à réveiller les flammes,
Près des foyers ardents veillent cinquante femmes ;
Cent autres déployant la même activité,
Et cent hommes, pareils en jeunesse, en beauté,
Placent les mets, les vins, les coupes sur la table.
Eux-mêmes, appelés par un ordre honorable,
Les nobles Tyriens célèbrent ce grand jour ;
Tous, sur des lits brodés, admirent tour à tour
L’air, le regard brillant, les traits du faux Ascagne,
Sa douce voix, ses dons que la grâce accompagne,