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J’en atteste les dieux, suivront partout Enée ».
Il dit : et d’une main embrasse Ilionée,
Tend l’autre vers Sergeste ; ensuite, ouvre les bras
Au courageux Cloanthe, au valeureux Gyas.
De l’éclat de ses traits Didon reste frappée ;
De ses malheurs, de lui son âme est occupée.
« O noble sang des dieux, que je plains vos revers,
Dit-elle ; quel destin vous jette en ces déserts ?
Brave Enée, êtes-vous, pardonnez ma franchise,
Etes-vous ce héros que du beau sang d’Anchise
Cythérée a fait naître au bord du Simoïs ?
Teucer, je m’en souviens, banni de son pays,
Dans Chypre, alors soumise à notre obéissance,
Vint de Bélus mon père implorer la puissance.
Rempli d’un grand projet, de son état nouveau
Il voulait que Bélus protégeât le berceau.
Dès lors j’ai des Troyens connu toute l’histoire.
Quoique leur ennemi, Teucer vantait leur gloire ;
Il se disait issu de leurs antiques rois ;
Surtout, je m’en souviens, il vantait vos exploits.
Ne balancez donc plus : comme vous fugitive,
Comme vous exilée, enfin sur cette rive