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De mes naissants états l’impérieux besoin
Me force à ces rigueurs : ma prudence a pris soin
D’entourer de soldats mes nombreuses frontières.
Qui ne connaît Enée et ses vertus guerrières,
Ilion, ses combats, leur long acharnement,
Et du monde ligué le vaste embrasement ?
Vous n’êtes point ici chez un peuple sauvage :
Le soleil de si loin n’éclaire point Carthage.
Soit qu’aux champs de Saturne, aux rivages latins,
Appelés par les dieux, vous suiviez vos destins,
Soit qu’aux champs fraternels de l’heureuse Sicile
Chez un prince allié vous cherchiez un asile,
Comptez sur mes bienfaits, comptez sur mes secours.
Voulez-vous avec moi fixer ici vos jours ?
Les portes que je construis, ces murailles nouvelles,
Tout est à vous. Allez, à ces rives fidèles
Confiez vos vaisseaux, livrez-vous à ma foi :
Troyens ou Tyriens seront égaux pour moi.
Hélas ! et plût au ciel que le même naufrage
Eût conduit votre chef sur le même rivage !
Pour moi, jusqu’aux confins de mes vastes états,
Je vais faire chercher la trace de ses pas :