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A son char suspendu, les rênes à la main,
Il emporte le dard enfoncé dans son sein ;
D’un long sillon de sang le trait marque la plaine,
Et son front tout poudreux est traîné sur l’arène.
Là les femmes de Troie, avançant lentement,
A Pallas apportaient un riche vêtement,
Se meurtrissant le sein, humblement gémissantes ;
L’habit sacré brillait dans leurs mains suppliantes.
Pallas baissait les yeux, et repoussait leur don.
Là le fils de Thétis, sous les murs d’Ilion,
Avait traîné trois fois Hector dans la poussière,
Et, couvert de son sang, le rendait à son père.
Alors un long soupir s’échappe de son sein,
Quand il voit et le char, et le fer assassin,
Et ces restes chéris, et, de ses mains tremblantes,
Priam du meurtrier pressant les mains sanglantes.
Lui-même il se retrouve au plus fort des combats,
Il voit le noir Memnon de ses ardents climats
Traîner ses noirs guerriers ; il voit Panthésilée,
Terrible, au vol des dards, au choc de la mêlée,
Opposant le croissant d’un léger bouclier,
Sur son sein découvert nouant un baudrier,