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Il marche cependant, de son voile entouré ;
Et, mêlé dans la foule, il en est ignoré.
Un bois pompeux s’élève au milieu de Carthage,
Qui reçut ses enfants échappés du naufrage :
Là la bêche en fouillant découvrit à leurs yeux
La tête d’un coursier, symbole belliqueux ;
Ce signe fut pour eux le signe de la gloire,
Et Junon à ce gage attacha la victoire.
Didon, au centre obscur du bois majestueux,
Pour Junon bâtissait un temple somptueux :
Plein des plus riches dons, et plein de la déesse,
Des colonnes d’airain annonçaient sa richesse ;
L’airain couvrait le seuil de son parvis divin,
Et les gonds gémissaient sous des portes d’airain.
Là, pour les yeux d’Enée, un objet plein de charmes,
Pour la première fois, vint suspendre ses larmes,
Et fit briller pour lui quelques rayons d’espoir.
Tandis que dans le temple, empressé de tout voir,
En attendant la reine, il admire en silence
La pompe de ces lieux et leur magnificence,
Il voit représentés tous ces fameux revers,
Ces combats dont le bruit a rempli l’univers,