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Des chaumes faisant place à ce séjour superbe,
Des temples s’élevant aux lieux où croissait l’herbe.
Là des rochers pesants roule l’informe poids ;
Ici le soc décrit les enceintes des toits ;
Là pour les dieux s’élève un auguste édifice ;
Là viendra l’innocence invoquer la justice ;
Contre les flots grondants et les vents orageux
Le commerce a ses ports ; le théâtre a ses jeux ;
Et déjà, de la scène ornements magnifiques,
Les marbres africains sont taillés en portiques.
  Au retour du printemps, tel, aux essaims nouveaux,
Leur nouveau roi partage et prescrit leurs travaux :
Sur les eaux, sur les fleurs, tout vole, tout s’empresse ;
Les unes de l’état élèvent la jeunesse ;
D’autres, d’un vol prudent, interrogent le ciel ;
D’autres forment la cire, et pétrissent le miel ;
D’autres viennent porter les tributs des campagnes ;
D’autres de leur fardeau déchargent leurs compagnes.
Celles-ci font la guerre au frelon dévorant.
Tout agit, tout s’emplit d’un nectar odorant.
  « Peuple heureux ! vous voyez s’élever votre ville ;
Et nous, dit le héros, nous cherchons un asile ! »