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Enfin leur troupe heureuse, échappée à sa serre,
S’abat, ou va bientôt s’abattre sur la terre.
Tels que vous les voyez dans les airs rassemblés,
Et remis de l’effroi qui les avait troublés,
En chantant, battre l’air de leurs ailes bruyantes :
Ainsi vos compagnons et leurs nefs triomphantes
Voguent à pleine voile, et, rendant grâce au sort,
Ils entrent, ou bientôt vont entrer dans le port.
Sur cet augure heureux ne formez aucun doute ;
Avancez seulement, et suivez cette route :
Elle mène à Carthage ». Elle dit : à ces mots,
Elle quitte son fils ; mais aux yeux du héros
Elle offre, en détournant sa tête éblouissante,
D’un cou semé de lis la beauté ravissante :
De ses cheveux divins les parfums précieux
Semblent, en s’exhalant, retourner vers les cieux.
Sa robe, en plis flottants, jusqu’à ses pieds s’abaisse ;
Elle marche, et son port révèle une déesse.
Son fils la reconnaît, et, tandis qu’elle fuit,
De ses yeux, de sa voix, longtemps il la poursuit,
Et, l’œil baigné de pleurs : « Quoi ! toi-même, ô ma mère,
Tu te plais à tromper un fils qui te révère !