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D’autres sur des trépieds placent l’airain bouillant,
Que la flamme rapide embrase en pétillant :
Tout s’apprête ; et ces mets que le ciel leur envoie,
Et les flots d’un vin pur, font circuler la joie.
Le repas achevé, tous, par de longs discours,
De leurs amis perdus redemandent les jours ;
Leurs cœurs sont partagés par l’espoir et la crainte ;
Sont-ils vivants encor ? ou bien, sourds à leur plainte,
Sont-ils déjà couverts des ombres de la mort ?
Surtout le tendre Enée est touché de leur sort :
Au fidèle Gyas, au valeureux Cloanthe
Prodigue ses regrets et sa douleur touchante ;
Tantôt il s’attendrit sur le sort de Lycus,
Et surtout de ses pleurs honore Caïcus.
  Quand Jupiter, du haut de la voûte éthérée,
Contemplant et la terre et la mer azurée,
Et les peuples nombreux dans l’univers épars,
Sur la Lybie enfin arrête ses regards.
Son esprit des humains roulait la destinée,
Lorsque Vénus, sa fille, et la mère d’Enée,
Frémissante, et de pleurs inondant ses beaux yeux :
« Arbitre souverain de l’empire des cieux,