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On se tait, on écoute, et ses discours vainqueurs
Gouvernent les esprits et subjuguent les cœurs :
Ainsi tombe la vague ; ainsi des mers profondes
Neptune d’un coup d’œil tranquillise les ondes,
Court, vole, et, sur son char roulant sous un ciel pur,
De la plaine liquide il effleure l’azur.
  Des Troyens cependant, fatigués par l’orage,
Les cris impatients appellent le rivage,
Et pour gagner la rive ils redoublent d’efforts.
Dans un golfe enfoncé, sur de sauvages bords,
S’ouvre un port naturel, défendu par une île,
Dont les bras étendus, brisant l’onde indocile,
Au fond de ce bassin, par deux accès divers,
Ouvrent un long passage aux flots bruyants des mers.
Des deux côtés du port un vaste roc s’avance,
Qui menace les cieux de son sommet immense ;
Balancés par les vents, des bois ceignent son front ;
A ses pieds le flot dort dans un calme profond ;
Et des arbres touffus l’amphithéâtre sombre
Prolonge sur les flots la noirceur de son ombre.
En face un antre frais, sous des rochers pendants,
Fait jaillir une eau douce en ruisseaux abondants ;