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  Moi qui, jadis assis sous l’ombrage des hêtres,
Essayai quelques airs sur mes pipeaux champêtres,
Qui depuis, pour les champs désertant les forêts,
Et soumettant la terre aux enfants de Cérès,
La forçai de répondre à leur avide attente ;
Désormais, entonnant la trompette éclatante,
Je chante les combats et ce guerrier pieux
Qui, banni par le sort des champs de ses aïeux,
Et des bords phrygiens, conduit dans l’Ausonie,
Aborda le premier aux champs de Lavinie.
Errant en cent climats, triste jouet des flots,
Longtemps le sort cruel poursuivit ce héros,
Et servit de Junon la haine infatigable.
Que n’imagina point la déesse implacable,
Alors qu’il disputait à cent peuples fameux
Cet asile incertain tant promis à ses dieux,
Et préparait de loin la race ausonienne,