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Protectrice du Tibre, appui de nos murailles,
Vesta ! Dieux paternels, ô dieux de mon pays !
Ah ! du moins que César rassemble nos débris !
Par ces revers sanglants dont elle fut la proie,
Rome a bien effacé les parjures de Troie.
Hélas ! le ciel, jaloux du bonheur des Romains,
César, te redemande aux profanes humains.
Que d’horreurs en effet ont souillé la nature !
Les villes sont sans lois, la terre sans culture ;
En des champs de carnage on change nos guérets,
Et Mars forge ses dards des armes de Cérès.
Ici le Rhin se trouble, et là mugit l’Euphrate ;
Partout la guerre tonne et la discorde éclate ;
Des augustes traités le fer tranche les nœuds,
Et Bellone en grondant se déchaîne en cent lieux.
Ainsi, lorsqu’une fois lancés de la barrière,
D’impétueux coursiers volent dans la carrière,
Leur guide les rappelle et se raidit en vain :
Le char n’écoute plus ni la voix ni le frein.