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Mais les moments sont chers ; hâte-toi de connaître
Ce qui doit composer ton arsenal champêtre.
D’abord on forge un soc ; on taille des traîneaux ;
De leurs ongles de fer on arme des râteaux ;
On entrelace en claie un arbuste docile ;
Le van chasse des grains une paille inutile ;
Le madrier pesant te sert à les fouler ;
Et des chars au besoin seront prêts à rouler ;
Sans tous ces instruments, il n’est point de culture.

De la charrue enfin dessinons la structure.
D’abord il faut choisir, pour en former le corps,
Un ormeau que l’on courbe avec de longs efforts.
Le joug qui t’asservit ton robuste attelage,
Le manche qui conduit le champêtre équipage,
Pour soulager tes mains et le front de tes bœufs,
Du bois le plus léger seront formés tous deux.
Le fer, dont le tranchant dans la terre se plonge,
S’enchâsse entre deux coins, d’où sa pointe s’allonge.
Aux deux côtés du soc de larges orillons,
En écartant la terre, exhaussent les sillons.
De huit pieds en avant que le timon s’étende ;
Sur deux orbes roulants que ta main le suspende :
Et qu’enfin tout ce bois, éprouvé par les feux,
Se durcisse à loisir sur ton foyer fumeux.
Il est mille autres soins consacrés par nos pères ;
Ne dédaigne donc pas ces préceptes vulgaires.
D’abord, qu’un long cylindre également roulé
Aplanisse la terre où tu battras le blé.
Si d’un ciment visqueux tes mains ne la pétrissent,
D’herbes et d’animaux les fentes se remplissent :
Là, l’immonde crapaud dans un coin s’assoupit ;
Dans son trou tortueux la taupe se tapit ;
Prévoyant les besoins de la triste vieillesse,
La fourmi diligente y butine sans cesse ;