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Vous tous, dieux bienfaisants, déesses protectrices,
Qui de nos fruits heureux nourrissez les prémices,
Qui versez l’eau des cieux, qui fécondent les champs,
Ainsi qu’à nos moissons présidez à mes chants !
Et toi qu’attend le ciel, et que la terre adore,
Sous quel titre, ô César ! faudra-t-il qu’on t’implore ?
Veux-tu, le front paré du myrte maternel,
Remplacer Jupiter sur son trône éternel ?
Va, préside aux saisons, gouverne le tonnerre,
Protège les cités, fertilise la terre.
Veux-tu sur l’océan un pouvoir souverain ?
Le trident de Neptune est remis dans ta main :
Téthys t’offre sa fille ; et, roi des mers profondes,
Tu recevras pour dot tout l’empire des ondes.
Peut-être, plus voisin de tes nobles aïeux,
Nouveau signe d’été, veux-tu briller aux cieux ?
Le scorpion brûlant, déjà loin d’Erigone,
S’écarte avec respect et fait place à ton trône.
Choisis : mais garde-toi d'accepter les enfers !
Qu'on vante l'Élysée et ses bois toujours verts,
Fière d’un sceptre affreux, que Proserpine y règne,
Toi, je veux qu’on t’adore, et non pas qu’on te craigne.
De nos cultivateurs viens donc guider les mains,
Et commence par eux le bonheur des humains.

Quand la neige au printemps s’écoule des montagnes,
Dès que le doux zéphyr amollit les campagnes,
Que j’entende le bœuf gémir sous l’aiguillon ;
Qu’un soc longtemps rouillé brille dans le sillon.
Veux-tu voir les guérets combler tes vœux avides ?
Par les soleils brûlants, par les frimas humides,
Qu’ils soient deux fois mûris et deux fois engraissés :
Tes greniers crouleront sous tes grains entassés.