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Plusieurs vont recevoir les fardeaux qu’on apporte ;
D’autres livrent la guerre au frelon dévorant :
Tout s’empresse ; partout coule un miel odorant.
Tels les fils de Vulcain, dans les flancs de la terre,
Se hâtent à l’envi de forger le tonnerre :
L’un tour à tour enferme et déchaîne les vents ;
L’autre plonge l’acier dans les flots frémissants ;
L’autre du fer rougi tourne la masse ardente :
L’Etna tremblant gémit sous l’enclume pesante ;
Et leurs bras vigoureux lèvent de lourds marteaux,
Qui tombent en cadence et domptent les métaux.
Tels, aux petits objets si les grands se comparent,
En des corps différents les essaims se séparent.
La vieillesse, d’abord, préside aux bâtiments,
Dessine des remparts les longs compartiments ;
La jeunesse, des murs abandonnant l’enceinte,
Sur le safran vermeil, sur la sombre hyacinthe,
Sur les tilleuls fleuris, enlève son butin,
Moissonne la lavande et dépouille le thym.
On les voit s’occuper, se délasser ensemble.
L’aurore luit, tout part ; la nuit vient, tout s’assemble :
L’espoir d’un doux repos les invite au retour ;
On s’empresse à la porte, on bourdonne à l’entour ;
Dans son alcôve enfin chacune se cantonne :
Plus de bruit ; tout ce peuple au sommeil s’abandonne.
L’air est-il orageux et le vent incertain ?
Il ne hasarde point de voyage lointain :