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Et la roche sonore, où l’écho qui sommeille
Répond, en l’imitant, à la voix qui l’éveille.
Mais le printemps renaît ; de l’empire de l’air
Le soleil triomphant précipite l’hiver,
Et le voile est levé qui couvrait la nature :
Aussitôt, s’échappant de sa demeure obscure,
L’abeille prend l’essor, parcourt les arbrisseaux ;
Elle suce les fleurs, rase, en volant, les eaux.
C’est de ces doux tributs de la terre et de l’onde
Qu’elle revient nourrir sa famille féconde,
Qu’elle forme une cire aussi pure que l’or,
Et pétrit de son miel le liquide trésor.
Bientôt abandonnant les ruches maternelles,
Ce peuple, au gré des vents qui secondent ses ailes,
Fend les vagues de l’air, et sous un ciel d’azur
S’avance lentement, tel qu’un nuage obscur :
Suis sa route ; il ira sur le prochain rivage
Chercher une onde pure et des toits de feuillage :
Fais broyer en ces lieux la mélisse ou le thym ;
De Cybèle alentour fais retentir l’airain :
Le bruit qui l’épouvante, et l’odeur qui l’appelle,
L’avertissent d’entrer dans sa maison nouvelle.
Mais lorsque entre deux rois l’ardente ambition
Allume les flambeaux de la division,
Sans peine l’on prévoit leurs discordes naissantes :
Un bruit guerrier s’élève, et leurs voix menaçantes
Imitent du clairon les sons entrecoupés ;
Les combattants épars déjà sont attroupés,
Déjà brûlent de vaincre, ou de mourir fidèles ;
Ils aiguisent leurs dards, ils agitent leurs ailes,
Et, rangés près du roi, défiant son rival,
Par des cris belliqueux demandent le signal.
Dans un beau jour d’été soudain la charge sonne :
Ils s’élancent du camp, et le combat se donne :
L’air au loin retentit du choc des bataillons ;
Le globe ailé s’agite, et roule en tourbillons ;