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Le chien si caressant expire dans la rage ;
Et d’une horrible toux les accès violents
Étouffent l’animal qui s’engraisse de glands.
Le coursier, l’œil éteint et l’oreille baissée,
Distillant lentement une sueur glacée,
Languit, chancelle, tombe, et se débat en vain :
Sa peau rude se sèche, et résiste à la main ;
Il néglige les eaux, renonce au pâturage,
Et sent s’évanouir son superbe courage.
Tels sont de ses tourments les préludes affreux :
Mais si le mal accroît ses accès douloureux,
Alors son œil s’enflamme ; il gémit ; son haleine
De ses flancs palpitants ne s’échappe qu’à peine ;
Sa narine à longs flots vomit un sang grossier,
Et sa langue épaissie assiège son gosier.
Un vin pur, épanché dans sa gorge brûlante,
Parut calmer d’abord sa douleur violente ;
Mais ses forces bientôt se changeant en fureur,
Ô ciel ! Loin des Romains ces transports plein d’horreur.
L’animal frénétique, à son heure dernière,
Tournait contre lui-même une dent meurtrière.
Voyez-vous le taureau, fumant sous l’aiguillon,
D’un sang mêlé d’écume inonder son sillon ?
Il meurt : l’autre, affligé de la mort de son frère,
Regagne tristement l’étable solitaire ;
Son maître l’accompagne, accablé de regrets,
Et laisse en soupirant ses travaux imparfaits.
Le doux tapis des prés, l’asile d’un bois sombre,
La fraîcheur du matin jointe à celle de l’ombre,
Le cristal d’un ruisseau qui rajeunit les prés,
Et roule une eau d’argent sur des sables dorés,
Rien ne peut des troupeaux ranimer la faiblesse ;