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De sa queue à grand bruit bat la terre brûlante.
Me préservent les dieux d’aller dans les forêts
Goûter le doux sommeil ou respirer le frais,
Lorsque, oubliant ses œufs ou sa jeune famille,
Ce monstre, enorgueilli de l’éclat dont il brille,
Sous sa nouvelle peau, jeune, agile et vermeil,
Darde une triple langue et s’étale au soleil !
Je veux t’apprendre aussi les marques, l’origine
Des maux qui d’un bercail entraînent la ruine.
Si des buissons aigus, ou les âpres hivers,
Ou les eaux de la pluie ont pénétré leurs chairs ;
Si, lorsque le ciseau leur ravit leur dépouille,
Le bain ne lave pas la sueur qui les mouille,
Souvent un mal honteux infecte les agneaux :
Pour les en garantir plonge-les dans les eaux ;
Que le hardi bélier s’abandonne à leur pente,
Et sorte en secouant sa laine dégouttante ;
Ou bien enduis leur corps, privé de sa toison,
De la graisse du soufre et des sucs de l’oignon ;
Joins-y des verts sapins la résine visqueuse,
L’écume de l’argent, une cire onctueuse,
Et la fleur d’antycire, et le bitume noir,
Et le marc de l’olive enlevé du pressoir ;
Ou plutôt, pour calmer la sourde violence
D’un mal qui se nourrit et s’accroît en silence,
Hâte-toi : que l’acier sagement rigoureux
S’ouvre au sein de l’ulcère un chemin douloureux.
C’en est fait des troupeaux, si les bergers tranquilles
Ne combattent le mal que par des vœux stériles.
Même quand la douleur, pénétrant jusqu’aux os,
D’un sang séditieux fait bouillonner les flots,
Sous le pied des brebis que la fièvre ravage
Qu’à ses flots jaillissants le fer ouvre un passage ;
Art connu, dans le nord, de ces peuples guerriers
Qui rougissent leur lait du sang de leurs coursiers.